Sœur Marie de la Providence – Marthe Trabichet
née à Vulbens, Haute Savoie, France
décédée au Grand Chêne, Vieugy
le 14 juin 2023
à 88 ans, dont 63 de profession
Sœur Marie de la Providence, Marthe Trabichet, est née le 26 octobre 1934, à Vulbens. D’un premier mariage naissent 3 enfants. Le malheur s’abat sur le foyer avec le décès de la maman. Quelques années plus tard, dans un second mariage, la famille s’agrandit de 3 autres enfants dont Marthe. La famille est profondément unie mais 6 enfants à élever réclament du travail, de pair avec des économies. Aussi chaque enfant, dès la fin de sa scolarité, contribue aux besoins de la famille. Ce fut aussi le cas pour Marthe. Voici ce qu’écrit à son sujet une religieuse qui l’a beaucoup connue : « De condition très modeste, Marthe a été embauchée très jeune comme « fille de ferme ». Elle participait à tous les travaux : nettoyage des écuries, des champs, fenaison, arrachage des pommes de terre etc.… Elle conduisait le tracteur, maniait la charrue, la faucheuse sans problème. Rude apprentissage pour un début de vie active.
Une occasion se présente qui change totalement le cours de sa vie : la possibilité de travailler à l’hôpital de Saint Julien. Elle est affectée au bloc opératoire pour le ménage. Ce travail exigeant demande beaucoup de discrétion, une grande minutie pour manipuler et nettoyer les instruments opératoires. Rien de semblable au travail de la ferme. Marthe s’est tout de suite bien adaptée. Quelques jeunes filles, logées dans l’hôpital, assurent comme elle le ménage, la propreté ; groupe uni dans l’amitié, la joie de vivre. Boute- en- train, pleine d’humour, Marthe est particulièrement appréciée de tous ceux qu’elle cotoie..
Elle est intérieurement attirée par la prière, bien que sa famille soit peu pratiquante, Lors d’un pèlerinage à lourdes, devant la grotte, elle ressent très vivement un appel à la vie religieuse.
Le 6 janvier 1959, elle entre au noviciat. Elle a 25 ans. Personnalité affirmée par ce début de vie laborieuse. Quelques années avant son entrée dans la vie religieuse, elle s’était acheté une vespa. Fait vraiment peu courant pour une jeune fille, à cette époque. « Ce qui m’a été le plus difficile en entrant au noviciat, avoue-t-elle, a été de me séparer de mon scooter. »
Elle franchit les étapes de la formation religieuse sans problème : Prise d’habit en septembre 1957 ; 1ers vœux en 1960 ; Profession perpétuelle en 1965. L’année précédente, elle avait obtenu le diplôme d’état d’infirmière, préparé à Paris. Commence alors une longue période pendant laquelle elle exerce sa profession ou plutôt son apostolat dans différents hôpitaux : Sallanches, Ugine, Evian, Annemasse.
Dévouée, attentive, ne ménageant pas sa peine, pleine d’empathie, de délicatesse, elle aime son travail. Son apostolat prend une autre orientation quand elle l’exerce comme infirmière à domicile ; d’abord à Annemasse, ensuite à Annecy de 1981 à 2004. Pendant 23 ans, elle arpente les rues d’Annecy, soigne les corps, mais aussi et surtout le moral de ses patients , par son humour, sa bonne humeur, sa tendresse toute maternelle. « Mon petit » est son expression familière et le restera jusqu’au bout de sa vie.
Joviale, attentive aux besoins des autres, elle ne ménage jamais sa peine. « Elle est parfois très vive, dit une sœur qui a longtemps travaillé avec elle ; un peu cabocharde », tient ferme à son point de vue. Est-ce un défaut de savoir s’imposer, s’impatienter, se mettre en colère ? Après tout Jésus s’est violemment emporté en chassant les vendeurs du temple. Ce côté volontaire de Sr Marie de la Providence n’enlève rien à sa délicatesse mais la rend encore plus attachante. Elle a l’intelligence du cœur. Elle a vraiment vécu son nom : Providence. Elle a été la providence de nombreuses personnes, sans distinction ».
Vieugy est la dernière étape de sa vie dans la Communauté des Vergers. Elle prend soins des sœurs du Grand Chêne ; répond à leurs multiples besoins ; les conduit et les accompagne à l’hôpital quand nécessaire, ce qui arrive souvent.
Mais sa santé se détériore inexorablement. Elle connait à son tour la dépendance totale. Mais elle ne perd rien de sa gentillesse. Quand une infirmière, une aide soignante lui demande : « Comment ça va ? Avez-vous besoin de quelque chose ? Elle répond : « Ca va bien, mon petit. Je n’ai besoin de rien. » Et c’est ce mercredi 14 juin qu’elle rejoint tous ceux qu’elle a aimés, aidés avec tant de dévouement. Avec quelle joie, elle a dû être accueillie ! Au revoir, Sr Marie de la Providence. Continuez à être la providence de tous ceux que vous laissez ici-bas mais que vous accueillerez avec la même tendresse.
Gloire à Dieu pour votre vie !