Sœur Louise Francois–Emilienne Veyrat Delachenal
née à Manigod, Haute Savoie
décédée hôpital Metz Tessy, Haute Savoie
le 28 mai 2022
à l’âge 92 ans, dont 71 de profession
"Vous n'avez qu'une seule vie et vous n'avez qu'une seule chance de la vivre, faites en sorte que cette vie vaille la peine d'être vécue" - c'est le message que Sœur Xavier nous a laissé. Nous sommes sûres d'avoir un intercesseur puissant au ciel. Merci, Sœur Xavier, d'avoir laissé un riche héritage dont nous nous souviendrons et que nous cultiverons ! Sœur Xavier, que votre âme repose en paix.
Sœur Louise Francois–Emilienne Veyrat Delachenal née à Manigod, Haute Savoie décédée hôpital Metz Tessy, Haute Savoie le 28 mai 2022 à l’âge 92 ans, dont 71 de profession |
Sr Louise Françoise, Emilienne, est née à Manigod en 1930. C’est la 3ème enfant d’un jeune foyer d’agriculteurs. Elle a été accueillie avec joie mais avant tout elle a été désirée, voulue de toute éternité par Dieu : Amour qui précède, suit, enveloppe toute créature. Le lendemain de sa naissance, elle est baptisée, immergée dans la vie de Jésus parfaite image du Père. Très fragile, elle réclame jusqu’à deux ans des soins particuliers et constants. Une petite sœur naît 2 ans plus tard. La maman, une 5ème fois enceinte, décède rapidement d’une pneumonie. Elle n’avait que 32 ans, Emilienne, 4 ans et demi. « Je me souviens que papa m’a pris dans ses bras : on va dire au revoir à maman. Donne-lui un baiser ». « Non, répond l’enfant. Elle dort. Je vais la réveiller. » « Fais-lui un tout petit baiser sur le front. » L’enfant s’exécute. C’est le choc quand elle sent le froid glacial du front, choc qui restera présent toute la vie.
Le papa veut donner une 2ème maman à ses 4 fillettes. Il se remarie l’année suivante et les enfants s’attachent à cette 2ème maman. Quatre garçons naissent. La jeune femme attend un 5ème enfant. Elle a 34 ans et à son tour décède rapidement d’une pneumonie. « Je revois mon père, dit Sr Louise Françoise, allant d’une pièce à l’autre, incapable de prononcer le moindre mot devant ce drame si semblable à celui qu’il a déjà vécu. »
Plus tard, des tantes proposent d’accueillir l’un ou l’autre des 8 enfants. « Non, dit le papa. Je les garde tous ensemble pour qu’ils restent toujours unis. ». « Et nous sommes restés très unis, dit Sr L. F. Il n’y a jamais eu de différence entre nos deux mamans, ni entre les filles et les garçons. » C’est dans ce terreau de souffrance, de foi, d’amour familial et paternel que grandit Emilienne. Elle a 7 ans quand elle communie pour la 1ere fois à la vie de
Jésus. En 1943, à 13 ans, elle reçoit le sacrement de Confirmation. L’Esprit Saint, Amour du Père et du Fils, va peu à peu, lentement la faire grandir, la faire devenir à son tour, un reflet du Père.
A 14 ans, elle entre au juvénat. De santé fragile, elle est frappée par la typhoïde. Le docteur la croit perdue et conseille au papa d’appeler le prêtre. Elle reçoit les derniers sacrements, consciente, paisible. Son seul souci : faire de la peine à son papa qui a perdu sa 2ème épouse, un an plus tôt. Contre toute prévision, Emilienne se remet. Après un an et demi de repos à la maison, elle retourne au juvénat, prépare le brevet élémentaire qu’elle réussit sans peine. Elle a 19 ans quand elle entre au noviciat, familière de la souffrance physique et morale. Elle retrouve au couvent trois tantes aimées et admirées: Sr Louise Françoise dont elle héritera du nom, Sr Paule Marie et Sr St Louis, sa marraine.
Sr Louise Françoise a toujours désiré et aimé faire la classe. Son 1er poste est l’externat St Joseph de Monthey où elle reste 13 ans. Sa santé l’oblige alors à revenir à la Maison Mère pour un demi-repos. Elle rend service ici ou là. En 1966, on l’envoie à l’école ménagère de Bellevaux pour seconder Sr Marie Antide : français, math, raccommodage, tricot ; mais aussi la couture confection. Elle n’en a aucune notion. Courageusement elle apprend « sur le tas ». A la fin de l’année, les 7 candidates réussissent leur examen. Mais l’école ménagère de Bellevaux est fermée.
Sr Louise Françoise répond toujours positivement aux demandes des supérieures. Elle s’adapte en donnant le meilleur d’elle-même aux différents lieux, différents travaux demandés. Ainsi passe-t-elle de l’école ménagère avec des adolescentes à la classe enfantine. Envoyée à Thorens, elle s’initie, seule, aux math modernes pour ensuite prendre une classe à Aigle où elle reste 12 ans. De là, elle va à Bon Rivage, assure l’accueil des résidents, le service de table etc. enfin à Monthey, dernière étape de sa active.
Dans toutes les communautés où elle a travaillé, les sœurs soulignent sa gentillesse, sa discrétion, sa simplicité. Serviable, attentive aux sœurs malades ou diminuées par l’âge, elle sait répondre à leurs besoins. Très sociable, elle garde le contact avec les personnes rencontrées : famille, sœurs… délicate, minutieuse, elle fabrique de jolies cartes qu’elle envoie aux fêtes, aux anniversaires … A Monthey, elle partage l’activité de Sr Hélène Marie. Tout les rapproche : très jeunes, elles ont perdu leur maman, elles ont fait leur noviciat ensemble. Elles forment un très bon tandem pour le bien-être de la communauté. Soulignons encore l’amour de Sr Louise Françoise pour la Vierge. Ayant perdu par 2 fois une maman terrestre, comment Marie, Mère de l’Eglise, ne l’aurait-elle pas enveloppée d’un amour de prédilection ?
Voici le témoignage de Sr Claude de la Cté de Monthey : « Nous avons eu le bonheur de connaître Sr Louise-Françoise et de partager quelques années de sa vie dans notre communauté.
C’était une compagne sociable, de relation agréable, enjouée, qui savait relever avec humour et « à propos » des traits positifs en toute circonstance.
De tempérament nerveux, mais dotée d’un caractère fort et volontaire, elle était capable d’affronter nombre de difficultés inhérentes à sa santé, devenue de plus en plus fragile au fil du temps.
Sa Foi profonde, appuyée sur de solides convictions, l’a soutenue dans sa Vie religieuse. Elle nous a édifiées par sa fidélité exemplaire à la prière et à la vie communautaire, par sa ténacité courageuse dans l’épreuve, par sa grande générosité au service de la Communauté.
Sr Louise-Françoise nous laisse le souvenir d’une personne toute donnée à Dieu et au prochain, dans le sillage de notre Fondateur, le P.Médaille ».
En 2016, elle a 86 ans, il est bien temps de prendre du repos. Elle est accueillie à la Maison-Mère ainsi que Sr Hélène Marie. Dernière étape 2 ans plus tard : le Grand Chêne. Jusqu’au dernier jour, malgré une santé toujours plus chancelante, elle garde le contact avec le monde en écoutant les documentaires de la chaine KTO. Ce vendredi 27 mai, elle assiste à l’Eucharistie, prend son repas au réfectoire avec les résidents. Le lendemain matin, on l’a retrouvée dans le coma. Hospitalisée, elle décède dans l’après midi.
Sœur Louise Françoise, merci pour votre longue vie marquée par la souffrance mais surtout votre foi. Veillez sur votre double famille : celle où vous avez reçu la vie et une foi inébranlable en l’Amour de Dieu et la Congrégation. Un jour nous vous rejoindrons dans la Lumière.