Sœur Claire Francois – Jeanne Chantal Gurlait née à St. Didier, Haute Savoie décédée à Grand Chêne, Vieugy le 10 juillet 2021 à l’âge 99 ans, dont 80 de profession |
Sr Claire Françoise est née à St Didier le 16 février 1922, il y a 99 ans et demi. En réalité, son origine remonte bien plus haut. Elle remonte à Dieu. Elle est – nous sommes – le fruit de l’Amour éternel de Dieu, fruit en germe à faire grandir. Elle est baptisée à 10 jours. A elle s’adresse cette magnifique parole : « tu as du prix à mes yeux et je t’aime ».Elle a 12 ans quand sa maman décède, laissant 4 enfants ; 2 garçons et 2 filles entre 7 et 13 ans.
Aout 1930, 1e communion, suivie l’année suivante de la Confirmation. Jésus avait dit : « Je suis venu apporter le feu sur la terre ». Le feu : symbole de l’Esprit Saint. En 1939, elle entre au noviciat. Elle a 17 ans et demi. 1er « oui » qui engage sa vie, suivi d’autres « oui » : 1er vœu en 1941, vœux annuels, profession perpétuelle en 1945.
Munie du brevet élémentaire, elle débute son apostolat dans l’enseignement à l’école St François. Nous sommes en 1941, période d’occupation difficile pour tous. Les Allemands occupent St François. Les élèves sont dispersés dans divers locaux de la ville. Les Sœurs enseignantes logent à Sévrier. Trajets à pieds ; locaux non chauffés ; le matin, messe à 6 heures et être à jeun.
Sr Claire est envoyée dans de nombreuses Communautés. Elle a une riche personnalité : originale, indépendante pas du tout conformiste, très amicale, optimiste, libre, attirée par tout ce qui est nouveau. Elle entre très facilement en relation avec toute personne quel que soit l’âge ou le milieu social. Elle s’intéresse particulièrement aux déshérités.
1960 est un tournant décisif dans son apostolat à l’école de la Chamarette, Annemasse. Jusque là, elle a enseigne à des enfants au parcours scolaire normal. Mais de plus en plus d’enfants décrochent. Elle décide de se consacrer à eux dans des classes de transition avant qu’ils puisent suivre une formation manuelle. La méthode d’enseignement doit être concrète, adaptée ; une pédagogie personnalisée, un accent mis avant tout sur le potentiel positif de l’enfant ; « Ce fut une expérience magnifique ! » s’exclame-t-elle. Inventive, concrète, elle arrive à intéresser ses élèves dans une discipline généralement rébarbative : la géographie de l’Europe. L’école est bien située à Annemasse, « porte de la France », disait-on. La « route Blanche » qui joint Genève à Chamonix est en construction. De nombreux camions passent devant l’école. Belle opportunité pour étudier les différents pays d’Europe à partir des plaques d’immatriculation. Dans le personnel qui gèrent les travaux, une personne s’intéresse aux enfants et les emmène de temps à autre visiter un ouvrage d’art. Au cours de cette période d’enseignement, St Claire élargit ses compétences dans divers domaines : photos, peinture …
Le départ à la retraite est un nouveau tournant dans son activité toujours novatrice. Elle se lance dans la pastorale du tourisme. Elle se fait proche des saisonniers qui arrivent sans savoir où loger, manger, dormir. Pour mieux les rencontrer, elle n’hésite pas à les rejoindre là où elle sait les trouver : les cafés, les bars ; endroits que les sœurs ne fréquentent pas.
On la sollicite aussi pour donner des cours de français aux jeunes filles au pair, plus ou moins exploitées. Elle étudie la législation qui les concerne pour mieux défendre leurs droits. Autre activité totalement nouvelle dans la Congrégation : le ski de fond. Ce qui lui permet d’entrer en contact avec les randonneurs et, par la suite, de suivre une formation d’accompagnateurs de randonnées et d’être ainsi à même d’offrir gratuitement ses services aux personnes de condition modeste.
Ce goût pour la nouveauté, Sr Claire à pu encore le combler en passant 7 années à Marseille, de 1993 à 2000 ; 8 ans à Paris, de 2000 à 2008 ; et même 1 mois en Algérie avec Sr Anne Gertrude, 2 ans après l’indépendance, période très difficile.
Sportive, elle fait encore 2 heures de marche à 97 ans. Le temps est venu pour la dernière étape de sa vie : le Grand Chêne, en 2019. Et c’est ce samedi 10 juillet qu’elle rejoint Celui à qui elle a donné sa vie, 82 ans plus tôt, en entrant dans la famille des sœurs de St Joseph.
« La mort, c’est une lampe qu’on éteint quand le jour se lève », a-t-elle écrit. Au revoir, Sr Claire. Que de choses vous avez encore à découvrir dans la Maison du Père ! Mais n’oubliez pas de nous aider sur le chemin tortueux qui mène à la Lumière de Dieu Trinité de Vie.