Soeurs de Saint Joseph d'Annecy

Nouvelle mission : la visite des prisons

La visite des prisons, rêve longtemps attendu dans la Province de Bhubaneswar, s’est enfin réalisé  après la décision du Chapitre. C’est le 16 janvier 2029 que la nouvelle équipe provinciale a lancé cette  nouvelle mission, devenue effective le 8 mars 2020, Journée internationale de la Femme. Les prisonniers désirent ardemment avoir un contact avec l’Eglise et pouvoir participer à l’Eucharistie. Jésus est venu appeler non pas les justes mais les pécheurs. Quelle tristesse de savoir, qu’aujourd’hui, en Inde, il existe 1 401 prisons pour 396 223 prisonniers. Nous avons l’autorisation de visiter 2 prisons en Odisha, celle de Jharpara à Bhubaneswar, et celle de Chowdar à Cuttack. Ces 2 prisons abritent  respectivement, l’une 800 hommes et 17 femmes, l’autre 900 hommes et 40 femmes. Le Directeur Général de la Police a donné, sans tarder, l’autorisation de visites dans ces deux prisons. Ce qui nous a permis de célébrer la Journée internationale de la femme avec les prisonnières. Nous avons organisé des jeux et un concours de chants, suivis d’une distribution de prix et de rafraîchissements. Malheureusement en ce moment les visites sont interdites à cause du COVID 19. Le 3 août 2020, la Province a fait don de 500 masques aux détenus de la prison de Jharpara-Bhubaneswar et elle s’apprête à fournir également 500 masques à celle de Chowdar. 

Voici l’expérience de deux jeunes Sœurs qui ont reçu mission de visiter les prisons :  

Je m’appelle Sr. Jyosna et, en tant qu’assistante sociale, j’ai visité les deux prisons lors de la Journée Internationale de la Femme. Rêve enfin réalisé. Premier apprentissage,  riche, plein d’enseignement.Sr. Justine nous avait donné quelques conseils pour la manière d’intervenir en prison. Pour moi, c’est une chance incroyable d’avoir la possibilité de visiter les prisons et de rencontrer les personnes qui souffrent mentalement et psychologiquement.  Entrer dans une prison pour la première fois, même en tant que visiteur, a été pour moi une expérience unique et profonde. J’étais angoissée à la vue de ces grandes ouvertures, de ces longs couloirs, au bruit des énormes clés enfoncées dans les serrures,  des claquements des portes. Je ne connaissais les prisons qu’à travers  des films ou des feuilletons. Et puis, les contrôles, les interrogatoires, les signatures et la longue attente, tout cela est stressant. L’émotion m’a submergée en voyant, en écoutant les détenus, les petits bébés dans les bras de leur jeune mère, les femmes enceintes et les très jeunes filles. Je ressentais leur souffrance, même pendant la séance de chants. Leur émotion, leur angoisse, leur douleur étaient tangibles. J’ai eu une conscience plus aiguë de ce que signifiaient être privé de sa famille, de ses enfants, de la liberté ; n’avoir plus de rêve, de désir, d’ambition, avec comme seule perspective : rester derrière des barreaux. J’ai douloureusement réaliséà quel point il est vital pour les détenus de se concentrer sur leur réhabilitation.  Ces visites ont totalement changé mon attitude, mes à priori. Les prisonniers éprouvent  les mêmes  sentiments, les mêmes désirs, les mêmes ambitions qu’ils avaient avant leur incarcération. Ce sont des situations de vie difficile qui les ont conduits dans cette impasse.
J'ai vivement ressenti le besoin de faire quelque chose pour eux. Prier chaque jour pour eux est peut-être la meilleure façon de les aider. Ce que je fais.Je suis très reconnaissante  à la Province et à Sr. Justine de m'avoir permis de vivre cette expérience ».Sr. Jyosna
«Je m’appelle Sr Sudha. Je suis en 3e année de juniorat. Ma première visite des prisons eut lieu  à l'occasion de la Journée Internationale de la Femme. J’ai pensé aux paroles de Jésus : « J’étais en prison, vous m’avez visité. » Jésus était là pour ouvrir  mon esprit et mon cœur, pour compatir aux dures situations des prisonniers. Tout d’abord, lors du premier contact que nous avons eu avec le directeur de la prison, j’ai compris que la compassion était beaucoup plus efficace  pour transformer une personne que la condamnation.
Dès que j’ai pénétré dans les cellules, la tristesse m’a submergée en voyant tous ces jeunes gens. Que ce soit dans leur petite enfance ou leur adolescence, ils n’ont jamais eu la chance d’avoir de vrais éducateurs pour les guider, éventuellement les corriger et les empêcher de sombrer dans la délinquance. Ils continuent à avoir des rêves, des ambitions, mais leur vie, pourtant si précieuse, se  passe entre quatre murs. Ce qui m’a le plus bouleversée, c’est de savoir que la majorité des prisonniers sont des jeunes. Arrivée  dans le quartier réservé aux femmes, mon cœur s’est brisé. Je ne pouvais contenir mes larmes en voyant les petits enfants gardés près de leur mère. Il y avait aussi quelques femmes plus âgées, d’autres enceintes qui auraient tant eu besoin de l’aide de leur mari ou de leur famille.
Parmi tous ces prisonniers, certains, faussement accusés, triste

s, déprimés, ne trouvaient aucun sens à leur vie. D'autres craignaient de revoir leur famille. Combien toutes ces personnes profondément blessées ont besoin de guérison ! Cette expérience continue à me marquer en profondeur. Je veux faire quelque chose pour aider toutes ces personnes confinées derrière les barreaux d’une prison.
Merci à la nouvelle équipe provinciale qui ouvre la Province à de nouvelles perspectives, à de  nouvelles missions. Je réalise que la compassion soulage plus efficacement la souffrance que les paroles ou même les actes. Elle atteint le cœur des personnes. Vivre et renouveler l’Esprit de la congrégation, c’est se respecter les unes les autres, répondre aux besoins des communautés et de la société, faire confiance à Dieu. C’est ce que je veux vivre.Je reste particulièrement reconnaissante à Sr Leena et Sr Justine de m'avoir donné cette opportunité de rendre visite à Jésus en prison ».

Sr. Justine SJA